Le Grand Oral du vélo organisé ce mercredi 29 janvier par les associations Paris en selle et MDB a permis aux 6 principaux candidats à la Mairie de Paris d’exposer leur vision et leurs projets pour développer l’usage du vélo à Paris. Chacun ne disposait que de 15 minutes d’échange avec Gilles Dansart, fondateur de Mobilettre, pour balayer les différents aspects de ce sujet éminemment transverse et vaste ! Passage en revue des principales propositions, en respectant leur ordre de passage.
Cédric Villani
Constats et ambitions pour le vélo ?
- Rendre la petite ceinture cyclable, dans une perspective touristique et patrimoniale, pour réutiliser les infrastructures inutilisées depuis 1934. Cet axe profiterait aux touristes et aux Parisiens pour se déplacer sereinement, sans croisements.
- Importance d’avoir des voies confortables et sécurisées comme aujourd’hui sur la rue de Rivoli et sur les quais de Seine.
- Engagement de réaliser le Vélopolitain en 6 ans, en lien avec le RER V pour relier Paris à la couronne.
- Pour arriver à réaliser cela, il y a besoin d’une méthode nouvelle, et d’un financement de 400 M€ articulé avec le RER V.
Quel partage de la voirie ?
- Il faut que tout le monde puisse cohabiter sur la voirie, donc besoin de plus de police.
- Propositions de quartiers apaisés avec nouveaux plans de circulation reprises pour valoriser la vie de quartier.
Quelle stratégie multimodale ?
- Besoin de parkings en souterrain pour compenser les places supprimées en voirie.
- Besoin de parkings-relais à l’extérieur et loin de Paris, pour permettre de se rabattre vers les gares.
- Proposition d’organiser un concours de design pour concevoir des boîtes à stationnement vélo sécurisées plus attrayantes.
- Besoin d’arceaux vélo aux abords des gares : il suffit de le faire (en prenant l’exemple des lacunes dans le projet Gare du Nord).
Quel avenir pour Vélib’ ?
- Découverte du Vélo’v à Lyon, système solide et efficace. Habitant l’Essonne, déplacements principalement en RER B, en métro, en taxi.
Conversion au Vélib’ parisien récente, pendant les grèves, par un souci d’efficacité. - Vélib’ est utile quand le système fonctionne bien, mais il y a un manque de fiabilité. Pourquoi n’y a-t-il pas de vérification automatique du bon état du Vélib’ après chaque course, ou la possibilité à l’utilisateur de signaler les défaillances ?
Anne Hidalgo
Constats et ambitions pour le vélo ?
- En 6 années, beaucoup a changé. En 2014 avec Christophe Najdovski, convaincus de changer profondément les infra de la ville. Consciente que ce serait important et difficile, impactant. Inspiration par Copenhague. Négociation mètre par mètre, surtout sur Rivoli avec la Préfecture. Le vélo est désormais considéré comme une nouvelle liberté de se déplacer, c’est le principal changement y compris en Ile-de-France.
- Après les critiques à cause des bouchons, les gens s’y sont fait. On a levé des obstacles culturels et idéologiques, donc ça ira plus vite dans le prochain mandat. Les JO sont aussi des accélérateur des travaux d’infrastructures qui restent à faire. Renforts des équipes de la direction voirie.
- Réalisation du Vélopolitain, avec par ex. rue de Vaugirard transformée avec une voie vélo bidirectionnelle. Enjeu d’un réseau métropolitain, mais pour éviter les stratégies de raccourcis, besoin de voies piétons et vélo dans tous les quartiers aussi. Plan de 350 M€ soit 26 € par habitant, proche du budget dans villes qui ont adopté la culture vélo (Amsterdam, Copenhague). Ce sera une réussite si les enfants vont à l’école à pied et vélo.
Quel partage de la voirie ?
- Il faut baisser la part de la voiture. Ce mandat a permis -15% pollution air, mais faut aller plus loin. Les vélos doivent être plus lents sur les rues piétonnes, pour toujours protéger les plus fragiles.
- Vélo dans couloirs bus, encore ? Non, ça a permis le développement du vélo au début, mais maintenant il faut séparer, y compris peindre de couleur différente les pistes.
- Travail sur la sécurité, apprendre les règles pour cohabiter et se respecter dans des espaces contraints.
- Code de la rue soumis à concertation des parisiens pour éviter les conflits d’usage
Quelle stratégie multimodale ?
- Enjeu de récupérer place sur la voiture. A l’époque, avec vélo sur les trottoirs, ou comme sur Magenta, ne marche pas. Là l’idée est de supprimer 60.000 des 140.000 places stationnement chaussée pour créer des pistes sur la chaussée (ex Vaugirard), en sanctuarisant les places stratégiques.
- Contrôle du code de la rue : la police municipale n’a pas été obtenue malgré l’amendement pour sa mise en place, mais ça viendra. Elle comptera 5000 agents a vélo, avec vidéo-verbalisation des pistes cyclables et du stationnement, il faut mettre le paquet avec des outils modernes
Quel avenir pour Vélib ?
- Système le plus important au monde avec 344.000 abonnés et 100.000 locations par jour.
- Le nouveau service « Vélib 2 » (Smovengo) dépasse « Vélib’ 1 » (JCDecaux) grâce aux vélos électriques et métropolitains.
- Pour le futur : maintien du contrat, mais aussi développer autres aides et systèmes de location occasionnelle (vélos cargo, vélo spécifiques, pour personnes âgées aussi) sur le modèle de Grenoble.
Benjamin Griveaux
Constats et ambitions pour le vélo ?
- Peu de propositions vélo au début, évolution ensuite, cela traduit-il un changement d’état esprit ? Non car entrée en campagne sur la santé, sur la pollution atmosphérique. J’ai parlé de changer lq ventilation des salles de classe, on m’a raillé mais je suis sûr que le prochain maire le fera.
- Tout le monde a le plan de métro en tête, Vélopolitain est très malin en termes de communication. La politique est un art de l’exécution, le diable dans détails : il y a donc besoin d’acculturation des services techniques. Commençons par grands axes pour désaturer les lignes de métro, comme la 13. D’ailleurs on ne rend pas assez hommage au gouvernement et à la grève sur les retraites pour avoir ainsi encouragé le vélo 😉
Quel partage de la voirie ?
- Comment concilier tous les modes ? Ne pas organiser la confrontation de manière idéologique. Paris est une petite ville donc le déplacement à pied est vital ! Avec des pistes sécurisées, il n’y a aucune raison que la part modale du vélo soit de 35% à Strasbourg et de 5% ici.
- Grand échec du mandat : la vitesse commerciale des bus à chuté, or c’est le mode de transport le plus accessible pour de nombreuses personnes. Il ne faut pas opposer les modes, donc il faudra faire la part belle aux transports en commun qui ont souffert durant ce mandat.
- Objectifs moins voiture ? Oui absolument. Rome a réussi. Hidalgo a promis moins de bus de tourisme, or il y en a plus ! Plutôt qu’une réduction drastique de l’espace routier, je vise moins de pollution donc moins de voitures, ce qui suppose d’offrir une alternative. Je propose une prime pour l’achat d’un 2-roues électrique pour remplacer les 2-roues thermiques. Quand il n’y a pas de parcs-relais ou qu’il faut attente le bus 20 min ça ne va pas, le matin le temps est précieux. Je veux des voies bus réellement respectées, des BHNS.
- Je vois que les travaux sur l’espace public ne sont pas régulés par le Maire de Paris car il manque une direction des travaux. Seuls 6% des chantiers en ville sont ceux de la Mairie mais 100% des chantiers sont autorisés par la Mairie, alors que souvent il n’y a pas d’ouvriers. Je propose 6 mois pour déstocker et finir tous les travaux engagés.
Quelle stratégie multimodale ?
- Organisation de Paris en 240 quartiers, avec dans chacun d’eux des voiries bien maillées.
- La Petite ceinture est un espace formidable, à reconquérir, avec du vélo dessus bien sûr. Il y a des associations et des cheminots qui rêvent de refaire du train c’est pourquoi on n’aménage rien dessus depuis tant de temps.
- Voiture aux abords des écoles et des populations fragiles. 40% des équipements sportifs dépassent les seuls OMS de pollution.
- Sur le boulevard Périphérique : besoin de voies dédiées covoiturage. Passer de 1.1 à 1.5 passagers par véhicule permettrait de baisser de 40% le trafic.
- Police municipale : amendement présenté comportait de 2,5 lignes, ce n’est pas sérieux car Paris a 17 ans d’histoire particulière. C’est un bon débat : quelles doivent être les missions pour la police de la circulation ? On doit vraiment verbaliser.
- Sécurité : 1600 vélos volés déclarés donc 15.000 en réalité. Gravage gratuit pour ancrer dans l’esprit des forces de l’ordre qu’un vol de vélo est aussi important qu’un vol de voiture.
Quel avenir pour Vélib ?
- Priorité : remettre Vélib’ d’aplomb.
- C’est un problème quand 12 entreprises non régulées flinguent le lancement du Vélib’ financé par argent public. Il faudra une régulation des trotinettes.
Rachida Dati
(représentée par Nelly Garnier)
Constats et ambitions pour le vélo ?
- Rachida Dati a parlé de Paris en selle chez Bourdin ce matin, car elle partage la philosophie.
- Lecture de l’intervention de Dati au Grand Jury : « On se réveille un matin avec une piste devant chez soi. Avancée tronçon par tronçon mais pas de vision globale de la Mairie. Pas de discours de jugement de valeur mais la Ville doit assumer le rôle de gestion de l’espace public, de millions de flux d’une ville monde, et le concilier avec les priorités, cela suppose donc que ce soit réfléchi.
- Proposition d’un plan en 6 mois pour planifier les mobilités dans Paris, avec des experts, les mairies d’arrondissement et les communes voisines, puis les citoyens qui voteront le plan. Il faut penser des grands axes de transit. Rivoli, Henri 4 : des reports de trafic vers où, aucune étude d’impact.
- Orientation : fluidité et ordre. Aujourd’hui Paris connaît une anarchie dans la rue, car tous usagers sont opposés.
- Il faut donc des mobilités plus propres, mais aussi voiture électriques, de la fluidité. De nombreux collectifs appellent aussi au calme car le silence est devenu un luxe.
Quel partage de la voirie ?
- Idée défendue : de grands axes circulation, pour assurer le transit traversant, et les petites rues de quartiers apaisées. Cela rejoint le constat sur Waze. Aujourd’hui on a bloqué les grands axes de circulation mais le trafic n’a pas baissé !
- Respect des regles? Logique d’aménagement, respect piétons en leur accordant des trottoirs larges, en bon état, avec déviations quand travaux. Police municipale armée (lol!) mais aussi règles. Positionnement ville en régulateur des acteurs, opérateurs trottinette, là il manque tjs des règles. Piste Rivoli où on est doublé, danger.
Quelle stratégie multimodale ?
- Pas de péage urbain, car pour ceux qui ont quitté Paris pour des raisons de moyens, ce serait la doublé peine.
- Liaisons avec la couronne : parkings relais, plan sur les bois accessibles aux parisiens notamment circulation douce pour relier les deux bois y compris pour les enfants.
Quel avenir pour Vélib ?
- Aides VAE, j’en ai profité et ne me plains pas. Il faut prendre le pas de l’électrique, bornes recharge dans parkings publics et bailleurs. Bornes multimodales.
- Vélib’, comment améliorer le service? Utilisé 10 ans mais probablement plus même usage qu’avant, il y a un report sur les vélos privatifs. Quel est le souhait des parisiens sur le freefloating ? On apprend aussi à changer sa chambre à air soi-même.
Danielle Simonnet
Constats et ambitions pour le vélo ?
- Ayant grandi à la campagne, le vélo était synonyme d’autonomie. Arrivée à Paris, beaucoup ont toujours peur d’y passer même si 60% se disent intéressés par le vélo. Enjeu : comment lever freins pour changer d’échelle ?
- Faire émerger culture vélo? Développer dans centres loisirs, colo vacances, pour que tous gamins puissent partir. Asso super ds 20e qui accompagnent pour casser obstacles psychologiques pour permettre changement
- Velopolitain : bravo, c’est déjà une victoire. Cela montre le rôle majeur des associations pour faire bouger les lignes. Après 3 ans de mandat sans avancées, il a fallu l’observatoire vélo pour que ça démarre, même si le plan vélo reste inachevé.
- Comment lever les freins? Comment aller plus vite, pour dynamiser, pour atteindre objectifs ? Peu de gens a la direction de la voirie s’occupent du vélo. Il faut une formation pour changer les équipes. La mise en mouvement citoyenne est une priorité de la liste Simmonet+Dhorasso. Avec Vélopolitain on est souvent sur les grands axes, mais pour les petites rues, il y a besoin de mettre en place un vrai plan de circulations pour diminuer le transit et les raccourcis.
Quel partage de la voirie ?
- Il faut une hiérarchie : piétons, puis vélos, puis TC, puis taxis puis voiture. Ceux qui disent qu’il ne faut pas opposer les publics, c’est qu’ils ne priorisent pas.
- « Votre ennemi c’est la voiture ? » Il y a un enjeu de dépasser l’échelle de Paris. Higalgo propose le Paris du ¼ d’heure, mais il y a toujours le travailleur banlieusard des 2 heures. Penser le changement partout, penser les continuités longues (RERv) mais aussi l’intermodalité en gare.
Quelle stratégie multimodale ?
- Modèle économique sur plan et gratuité. Gratuité ne coûte pas cher face au coût de la pollution. Cmt permette de travailler ET vivre à Paris, réquisition logements. Bonne dette si permet d’accroître l’usage du vélo, donc intérêt très fort des parisiens. 1 vélo offert à chaque jeune 16ans, coûterait 4M€. Pas juste frein du coût mais si facilitation vélo en ville, et habitude à l’école, on change tout. Parkings municipaux sont gérés par privés : 40M€ par an de bénéfices, on les remunicipalise. Déchets plus chers quand gérés par Derichebourg. Bcp d’économies de fonctionnement.
Quel avenir pour Vélib ?
- Avant de penser à municipaliser Vélib’, il faut voir comment casser le contrat car le fiasco continue. La moitié des vélos n’est toujours pas en circulation. La ville ne suit le contrat Smovengo de manière sérieuse (il suffit de voir comment la ville s’est désintéressée au moment de la grande vague de licenciements).
- Rôle municipal du vélo, pour former et réparer. Besoin de rattraper tout le temps perdu.
David Belliard
Quelle ambition pour le vélo ?
- Programme sans voiture, ville cyclable, jusqu’où allez vous ? Combien prévoyez-vous de rues sans voitures ? C’est une question primordiale pour Paris, pour les écolos, pour les usagers.
- Les améliorations ont été insuffisantes, il y a encore des insécurités (devant Austerlitz, à Châtelet…) où on ne sait plus toujours où aller.
- La priorité : sécuriser les espaces existants. Mais aussi penser le coup d’après : désir de faire du vélo, pistes déjà saturées. Il faut des pistes plus larges partout, même dans les rues moins larges, et pas juste des coups de peinture mais sécurisées. Changer la philosophie : réduire la circulation voitures et des 2R motorisés, dangereux pour les cyclistes, est une nécessité et attente à Paris et dans la Métropole.
Quel partage de la voirie ?
- 60.000 places de stationnement supprimées aussi ? Quelles différences avec Hidalgo? C’était la proposition d’EELV en 2015, je suis donc content que les candidats récupèrent nos idées. Il y a un besoin de reconquête de l’espace public.
- Comment convaincre les métropolitains à changer ? Les portes doivent devenir des ponts, il faut porter des projets au niveau métropolitain. Plateforme au sein de la MGP avec autres élus pour déploiement d’un grand Velopolitain. Beaucoup d’écolos étaient à l’initiative du Vélopolitain.
L’enjeu est de faire du vélo un mode de déplacement massif. Il y a aussi besoin d’un grand plan de déplacements à Paris.
Quelle stratégie multimodale ?
- Alternative à l’autosolisme : TC et vélo, mais il faut vaincre les peurs. Pour prendre conscience de l’enjeu de sécurité (développé dans mon livre), il faut regarder les enfants : génération climat et génération vélo. Je propose de piétonniser devant les 300 écoles les plus polluées, mais aussi d’apprendre aux jeunes à faire du vélo. Si on offre l’opportunité aux enfants de faire du vélo, ils iront.
- Brigade de sécurité publique pour faire respecter les règles. Demandes répétées de code de la rue, de vidéo verbalisation. Remettre aussi de l’humain sur territoire dans la lutte contre incivilités routières et respect règles.
- Proposition de tramway des gares : Compatible avec vélo et favorise intermodalité (vélo dans le tram)Vision maximaliste mais réaliste dans l’enjeu d’inventer un nv discours. Mvt écolo s’est fortement fondé sur le vélo, et sera défendu à l’échelle de tous les arrt, des discours aux actes.
Quel avenir pour Vélib ?
- Vélib’ a beaucoup contribué, mais y a-il crise du modèle ? Non, c’est une crise de l’opérateur ! Je suis passé au vélo perso mais ça m’a coûté. Il faut assumer le rôle de service public, donc rompre avec l’opérateur, favoriser loccation de longue durée et proposer des vélos spécifiques.
- En parallèle, il faut des invitations à la location et à l’achat. 400€ de subvention pou rl’acquisision d’un VAE mais il y a des difficulté à y accéder.
Comments are closed